La crise agricole : la suite

Publié le 20 novembre 2024 à 10:25

Le Mercosur vient servir de détonateur à une nouvelle vague de manifestations. Mais la crise existait avant. Peut-on comprendre ce qui se passe en croyant qu’il y aurait une seule colère, une seule agriculture, un seul modèle

Le mécontentement des agricultrices et des agriculteurs qui s’exprime aujourd’hui n’est que la suite que ce que nous avons déjà vécu. L’éventuelle signature du traité Mercosur n’est qu’un épisode de plus. 

Depuis des années la politique agricole se fait au détriment des paysans qui ont les revenus les plus modestes, ceux qui connaissent le plus de difficultés. Ce ne sont pas ceux qui reçoivent le plus de soutien de l’Europe par le biais de la Politique Agricole Commune ou des gouvernements français successifs. 

La Politique Agricole Commune actuelle n’est pas juste. Elle bénéficie encore trop à une agriculture intensive, peu respectueuse de l’environnement et peu disposée à prendre en compte la question climatique. Mais ne nous y trompons pas : accuser l’Europe de tous les maux est une manœuvre politique qui oublie que les États, dont le nôtre, sont responsables des décisions européennes. 

De la même façon, le discours sur « l’écologie punitive » est pernicieux. La punition, dont nous avons déjà quelques prémices, sera collective et beaucoup plus sévère. L’effondrement de la biodiversité est déjà acté. Les risques liés à une agriculture productiviste qui surexploite les ressources telles que l’eau et qui se soucie peu des sols et de leur préservation, nous conduit tout droit vers une catastrophe alimentaire sans précédent.

Le Partit Occitan réaffirme son soutien à une agriculture paysanne, de proximité, de qualité, capable de véritablement apporter sa pierre à la lutte contre le changement climatique et à la préservation de la biodiversité. 

Nous considérons qu’il n’y a pas une et une seule agriculture française. 

Certains voudraient nous le faire croire en parlant d’une colère, d’une revendication unique et uniforme. Il existe plusieurs modèles d’agriculture en France dont les intérêts sont souvent divergents. Le Mercosur ne peut servir de prétexte à effacer cette diversité et à oublier que les intérêts des uns ne sont pas toujours les intérêts des autres. 

Le Mercosur, en négociation depuis des années, ne doit pas non plus venir fragiliser une agriculture déjà en difficulté. Les normes sanitaires imposées chez nous doivent être respectées et strictement contrôlées lorsque l’on importe des produits agricoles. C’est d'une telle évidence que l'on s'étonne qu'il y ait discussion. 

Il ne fait aucun doute que le travail des agricultrices et des agriculteurs doit être rémunéré à sa juste valeur et doit permettre à chaque paysan de vivre. 

La responsabilité des pouvoirs publics  - autorités européennes et françaises - est engagée mais également de celle des consommateurs. Ces derniers ont la responsabilité de consommer autrement et de privilégier les produits les plus vertueux pour leur santé, pour l’environnement et pour l’avenir de leurs enfants. Ce qui ouvre sur un autre sujet : les conséquences terribles du "pas cher" et "du pouvoir d'achat".