Refus de la co-officialité pour le créole de Martinique : la politique néocoloniale de la France doit cesser

Publié le 10 octobre 2024 à 16:15

A l’unanimité des votants, les élus de l’Assemblée de Martinique ont décidé de reconnaître le 25 mai 2023, « le créole comme langue officielle de la Martinique, au même titre que le français » (article 1) et de transmettre au Premier ministre, un projet de loi visant à faire reconnaître cette officialisation par la Constitution.

 

L’officialisation par une collectivité territoriale autonome d’une langue régionale dans son aire d’expression est un standard dans toutes les démocraties. Dans n’importe quel pays démocratique, cette mesure aurait été saluée pour son ambition et son action en faveur de la préservation de la diversité culturelle. Mais la France, n’est pas une démocratie comme les autres. En matière de droits linguistiques, elle est une exception. Guidée par le jacobinisme, la France est depuis toujours en croisade contre les langues historiques des territoires qu’elle administre.

 

Aussi, dans une logique linguicide et pluriséculaire, le préfet, représentant de l’État en Martinique, a attaqué la décision de l’Assemblée de Martinique en justice. Débouté dans un premier temps en référé par le tribunal administratif de Martinique qui considérait l’article 1 de la délibération dénué de portée normative, le préfet de Martinique a toutefois eu gain de cause d’abord en appel, à Bordeaux, le 21 novembre 2023 ; obtenant contre les élus martiniquais la suspension de l’exécution de la délibération puis le 4 octobre son annulation par un nouveau jugement sur le fond au motif que la co-officialité d’une langue régionale était contraire à l’article 2 de la Constitution et à la loi dite Toubon du  4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française.

 

Cette charge de l’État est une double attaque contre les langues régionales et contre la démocratie territoriale.

 

Régions et Peuples Solidaires soutient l’Assemblée de Martinique dans sa quête d’officialisation du créole et invite le Gouvernement et les parlementaires à se saisir du dossier. L’article 2 de la Constitution est un verrou qu’il faut faire sauter par une réforme constitutionnelle. Les peuples et les régions doivent par ailleurs pouvoir décider librement de leur avenir.

 

François Alfonsi, Président de Régions et Peuples Solidaires