
La région Bretagne vient de publier les résultats de l’enquête sociolinguistique sur les langues bretonne et gallèse réalisée en 2024. Les résultats sont catastrophiques mais prévisibles avec la disparition des générations de locuteurs natifs. Les locuteurs et locutrices du breton seraient passés de 214 000 en 2018 à 107 000 en 2024, et de 191 000 en 2018 à 132 000 en 2024 pour le gallo. Parmi les moins de 60 ans, moins de 2 % parlent breton et moins de 3 % parlent gallo.
Pourtant, la volonté des Bretonnes et des Bretons de savoir parler reste stable : 33 % pour le breton, 9 % pour le gallo. De même, une large majorité de la population est toujours favorable à la présence du breton dans les services publics ainsi qu’à son enseignement à l’école.
Alors pourquoi un tel décalage entre la demande sociale et l'efficacité des politiques publiques ?
1) Tout d’abord une mauvaise volonté de la part de l’Etat, qui n’applique toujours pas la loi Molac votée en 2021 qui prévoit que « la langue régionale est une matière enseignée dans le cadre de l’horaire normal des écoles maternelles et élémentaires, des collèges et des lycées ». Une Bretagne autonome en charge de l’éducation ferait certainement mieux, dans ce domaine comme dans d’autres.
L’étude confirme, pour le breton, la faiblesse de la transmission familiale. La formation de nouveaux locuteurs de locutrices passe donc par l’école mais face au manque de volonté politique de la part des gouvernements successifs il est clair que l’objectif de 30000 élèves scolarisé.e.s en filière bilingue français-breton, en 2027, inscrit dans la Convention Etat-Région signée par le Premier ministre en 2022 ne sera pas atteint.
Il est donc urgent de déployer enfin les moyens nécessaires au développement de l’enseignement bilingue, notamment par les mesures suivantes :
– L’augmentation du nombre de places proposé aux concours de l’Education nationale.
– Davantage d’effectifs en licence avec mention Parcours Préparatoire au Professorat des Ecoles bilingue, avec l’ouverture, après Brest, de cette licence à Rennes.
– L’accroissement du nombre de places offerte en formation continue à destination des enseignants et enseignantes monolingues français souhaitant se former en breton.
– La généralisation de l’option Breton dans le second degré
– La mise en place de classes immersives dans l’enseignement public.
– Un véritable statut pour Diwan, assurant sa pérennité et permettant le conventionnement avec l’Education nationale de ses établissements dès leurs ouvertures.
2) un engagement trop souvent insuffisant voire inexistant des collectivités territoriales :
– Le « droit universel à la formation » promis par Loïg Chesnais-Girard lors de la campagne électorale de 2021 et dont on voit mal en quoi il se traduit dans les politiques régionales en vigueur.
– Des labels « Ya d’ar brezhoneg » encore trop peu obtenus ou développés par les communes, les intercommunalités et les départements : seules 4 communes ont obtenu le niveau3 parmi les 241 communes ayant signé la charte. Quant aux municipalités qui ne font rien, ou pire qui s’opposent à l’ouverture de filières bilingues, elles méprisent la volonté populaire.
Le rôle des collectivités territoriales est pourtant essentiel pour donner une visibilité au breton et au gallo dans l’espace publique et encourager leurs usages.
Le chantier de la revitalisation de nos langues reste un défi. C’est un objectif atteignable comme le démontre le Pays Basque nord par exemple, pour ne parler que de l’espace politique français. Cela suppose une mobilisation de l’ensemble de la société bretonne et de ses élu.e.s. Les militant.e.s et élu.e.s de l’UDB continueront à prendre part à ce combat pour la reconnaissance des droits linguistiques des locuteurs et locutrices des langues de Bretagne et la co-officialité de la langue bretonne au côté du français en Bretagne. C’est comme cela que le Pays de Galles, partenaire institutionnel de la Bretagne, a sauvé la langue galloise.

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