Le gouvernement présente au Parlement un projet de loi visant à construire six réacteurs nucléaires EPR2. Régions et Peuples solidaire a bien conscience que la transition énergétique n'a pas été préparée, que la dépendance au nucléaire est actuellement très forte et que nous ne pourrons pas nous défaire de l'énergie nucléaire du jour au lendemain.
Pour autant, les arguments climatiques et les arguments économiques en faveur de la construction de nouveaux EPR ne tiennent pas la route.
Les 51 milliards d'euros prévus pour ces chantiers ne prennent pas en compte le fait que la facture de l'EPR 1 est passée de 3 milliards à 19 milliards d'euros. La mise à niveau du parc nucléaire (plan de la sécurité) prévue après Fukushima (2011) d'un montant de 100 milliards d'euros n'en est pas à la moitié de sa réalisation.
L'expérience montre que la date de 2035 ne sera pas tenue. Ce sera 2040 ou 2045 (l'EPR 1 a 12 années de retard). Ces 6 réacteurs ne serviront pas à la lutte urgente contre le réchauffement climatique. Le nucléaire est un consommateur d'eau mais surtout un très grand « réchauffeur » d'eau. Nos rivières vont être asphyxiées dès les prochains étés. Alors il faudra arrêter des centrales. Aussi, la volonté du gouvernement de prolonger la vie des vieilles centrales n'est pas réaliste, surtout quand on sait qu'elles vieillissent mal (fissures obligeant à des réparations coûteuses).
Les risques du nucléaire sont connus. L'histoire récente nous l'enseigne et l'actualité nous le rappelle.
Le nucléaire serait une énergie zéro carbone mais pas zéro déchets :
- Quid de la ressource en uranium, de son coût énergétique, politique, militaire ?
- Quid des déchets ? Les déchets nucléaires sont un très mauvais cadeau fait à des dizaines de générations.
Enfin, Régions et Peuples solidaires ne peut soutenir un projet qui priverait les territoires et les régions de leur souveraineté énergétique pour plusieurs décennies au profit d'une dépendance à l'Etat plus grande encore.
La loi en discussion est à courte vue. Elle marque le refus d'utiliser le premier levier qui est de mettre le paquet sur toutes les énergies renouvelables et sur la recherche en ce domaine. Ce projet nucléaire est un refus de dire que la sobriété et la réduction de la consommation est le deuxième levier. Ce dernier sera encore plus efficace avec des politiques d'aménagements du territoire (transports, urbanisme, aménagement rural, production et consommation de proximité, etc) rendant possible la réduction de la dépense énergétique.
Il faut donc plus d'autonomie pour les territoires, plus de souplesse pour plus de recherche et d'utilisation de solutions émanant des populations concernées. Le centralisme, dont le nucléaire est un avatar, n'est pas un allié dans la lutte contre le réchauffement climatique.
David Grosclaude, co-porte-parole de Régions et Peuples Solidaires