Manifeste pour une République fédérale !
Dans la tradition française, depuis la monarchie absolue, la diversité qu’elle soit culturelle, linguistique ou territoriale a été combattue par l’État central au profit d’un universalisme français qui souhaite gommer voire nier les différences. Que ce soit à l’époque révolutionnaire, avec le remplacement des provinces historiques par une nouvelle division administrative ; que ce soit sous la IIIe République avec l’effacement progressif mais violent des cultures et des langues qui n’étaient pas le français ; ou que ce soit sous la Ve République, avec le refus d’évoluer vers un régime véritablement décentralisé comme toutes les démocraties modernes, l’État central, et son administration, a toujours voulu centraliser et uniformiser le pouvoir voyant, à tort, la diversité comme un danger.
Et pourtant rien n’est plus faux. La diversité, spécialement territoriale, c’est d’abord une richesse avec le multilinguisme et le multilatéralisme dans un monde qui tend à s’uniformiser. La diversité c’est aussi une reconnaissance mutuelle de ce qui nous différencie autant que ce qui nous relie dans un monde où on tend à appartenir de plus en plus à plusieurs communautés. Enfin, la diversité c’est une force qui forge le respect entre ceux qui veulent vivre ensemble. ‘‘Unis dans la diversité’’, la devise de l’Union Européenne, que nous faisons notre, en est la plus belle preuve.
Mais à y regarder de plus près, la diversité et le droit à la différenciation existent déjà en France. L’Alsace-Moselle dispose d’un droit local et vit toujours avec le concordat, la Corse jouit d’un statut particulier, la ville de Paris est une collectivité spécifique à statut unique fruit de la fusion de la commune et du département, les territoires ultramarins ont chacun un statut particulier. Quant à la Kanaky-Nouvelle Calédonie, elle possède un droit à l’autodétermination. Dès lors la question n’est plus d’être pour ou contre la diversité mais comment l’organiser en partant des demandes des territoires au lieu de la penser et de l’imposer d’en haut depuis Paris.
Toutes les crises que nous traversons (économique, financière, sociale, écologique, démocratique, sanitaire...) démontrent que la centralisation à la française est un échec et que le besoin de faire vivre les territoires, dans leurs spécificités, est une condition du renouveau démocratique.
Frédéric Mistral, poète provençal et prix Nobel de littérature, disait ‘‘les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent haut’’. Nous sommes convaincus en effet qu’il est tout à fait possible de traiter du monde entier à partir de nos territoires et que cela n’empêche en aucune manière toutes les ouvertures aux autres.
C’est pourquoi, Régions et Peuples Solidaires (R&PS) propose la constitution d’une République Fédérale qui parte des territoires, suivant le principe d’autodétermination (droit de décider sur son territoire), de leurs besoins, de leurs spécificités, de leurs réalités pour partager un destin commun. Mais si la question territoriale est fondamentale pour R&PS, le projet économique, social, environnemental, démocratique et culturel l’est tout autant.
La République fédérale, qui est par essence un projet de renouveau démocratique à multiples niveaux, doit s’accompagner d’une coopération forte, honnête et équilibrée entre les collectivités régionales et territoriales et l’État central autour d’un projet de justice sociale et territoriale afin de lutter contre l’accroissement des inégalités et pour ne laisser personne ni aucun territoire au bord du chemin, particulièrement en ces temps de crise sans précédent, mais aussi d’un projet de transformation écologique de nos sociétés à l’heure, toujours plus pressante du dérèglement climatique.
Régions et Peuples Solidaires (R&PS) défend donc une République fédérale comme la solution démocratique, économique, sociale, écologique et culturelle aux multiples crises que traverse le pays. C’est par le dialogue, le respect d’autrui et la lutte contre toutes les formes de racisme et de discrimination que nous sortirons par le haut de toutes ces crises mais c’est aussi dans la justice sociale que nous retisserons les liens entre les peuples et les territoires. C’est par la transformation écologique et le renforcement démocratique de nos sociétés, y compris au plan territorial, que nous parviendrons, enfin, à trouver un sens commun à notre émancipation tant individuelle que collective.