Les accidents de Tchernobyl en 1986, de Fukushima en 2011, ont fait émerger d’importantes prises de conscience sur l’extrême dangerosité du nucléaire, mais aussi sur le terrible héritage que cette industrie allait laisser aux générations futures durant des millénaires.
Dix ans après Fukushima, que reste-il encore de cette prise de conscience ?
Vouloir la fermeture de centrales et la sortie du nucléaire civil serait devenue une lubie d’écolos « amish » irresponsables « voulant revenir à la bougie ».
Il est vrai qu’un très fort lobbying s’est développé ces dernières années en France, et en France seulement, pour promouvoir cette industrie, alors que nos voisins ont opté pour la sortie du nucléaire. Selon certaines personnes, le nucléaire serait « une chance » pour le climat, car il permettrait de produire de l’énergie décarbonée. On oublie de dire que les problèmes apportés par le nucléaire sont sans commune mesure avec ceux du climat : les déchets, les sites que l’on ne sait pas démanteler, les zones irradiées, toutes ses pollutions irréversibles sont léguées aux générations futures pour des milliers d’années. Qui veut entendre aujourd’hui que le nucléaire civil est dangereux ? Le monde s’est à nouveau réendormi dans l’idée douce de pouvoir consommer toujours plus d’énergie. Pourtant, qu’est ce qui aurait changé depuis Fukushima ? Pas grand-chose, mis à part il est vrai que :
- Les techniques d’e-influence, largement utilisées par le lobby du nucléaire, se sont fortement développées sur les réseaux sociaux.
- De nouveaux risques apparaissent désormais : les attaques terroristes et les intrusions informatiques sont devenues des menaces majeures.
- La centrale du Bugey est désormais la centrale la plus ancienne de France, depuis la fermeture de celle de Fessenheim. Elle approche des cinquante ans et n’a jamais été conçue pour cette durée.
- La France montre de graves signes de déclin technologiques et industriels, notamment dans ce domaine, avec son incapacité de construire un EPR en Finlande, de terminer à ce jour celui de Flamanville en Normandie, dont les surcoûts s’élèvent à 500% du contrat initial ! Le premier EPR, mis en fonctionnement à Taïshan en Chine en 2018, est aujourd’hui à l’arrêt, suite à une grave défaillance.
- EDF sous-traite désormais 80% de la maintenance de ses centrales, malgré une précarisation sans cesse dénoncée.
- En 2021, la France ne sait toujours pas comment démanteler une centrale nucléaire. La centrale de Brennilis en Bretagne, mise à l’arrêt en 1985 devait être une vitrine des capacités de démantèlement de la France. 35 ans plus tard, elle n’est toujours pas démantelée.
Le Mouvement Région Savoie demande l’arrêt dans de courts délais des quatre réacteurs du Bugey, désormais les plus dangereux de France. Un accident sur ce site pourrait mener à la disparation économique de la Savoie (lire notre article la centrale du Bugey menace la Savoie). Il demande aussi la sortie programmée à moyen terme du nucléaire pour toute la France, le renoncement de la construction de nouveaux EPR, et à l’inverse de concentrer les investissements nouveaux dans les énergies renouvelables, les stockages d’énergie, l’efficacité énergétique et les stratégies de sobriété.
En photo : présence du MRS à la manifestation organisée par le collectif STOP Bugey, le dimanche 3 octobre 2021
Sources :
- https://www.gestionsociale.fr/temoignage/entre-danger-et-illegalite-edf-sous-traite-80-de-la-maintenance-de-ses-centrales/
- https://www.ouest-france.fr/monde/chine/la-chine-stoppe-finalement-un-reacteur-apres-l-incident-a-l-epr-de-taishan-9663bf62-f13c-11eb-b7f6-ca65981ebc3b
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/finistere/brennilis-le-cout-du-demantelement-de-la-centrale-nucleaire-revu-a-la-hausse-2182702.html