Le vote de la loi Molac par les députés peut être considéré comme historique à plusieurs titres. D’abord, la loi précédente, la loi Deixonne, date de 1951, c’est à dire qu’elle fut adoptée il y a 70 ans.
Cela montre combien la France était jusqu’à hier bloquée sur ce sujet des langues. Plus de 70 propositions de loi sur le même thème ont échoué depuis 1958.
Le vote est historique puisqu’il est le résultat de longues années de combat du monde associatif et du monde politique dans les diverses régions. À l’Assemblée Nationale les arguments éculés qui avaient servi jusqu’à ce jour à repousser toute avancée, n’ont pas eu l’effet escompté.
Séparatiste, la défense des langues régionales ?
L’allusion ridicule du ministre de l’Éducation au séparatisme a même eu l’effet inverse. Certains députés se sont sentis insultés. Historique aussi parce qu’une nouvelle génération de parlementaires est apparue depuis une dizaine d’années. C’est cela qui a rendu le vote possible.
Paul Molac, député Régions et Peuples Solidaires (groupe Libertés et Territoires)
Paul Molac a su présenter un texte qui proposait de légaliser des expériences qui ont prouvé leur efficacité. L’immersion par exemple. C’est une évidence que jusqu’à ce jour l’Éducation Nationale refusait. Le mouvement associatif a prouvé que c’était la bonne voie.
L’apprentissage par immersion gagné de haute lutte contre Blanquer
Mais nous ne sommes pas au bout du combat. Une loi n’est pas la réalisation de ce qui est permis. Ce n’est que le début d’un autre combat pour son application. Il va falloir former des enseignants, former des professionnels dans divers domaines et faire en sorte que les décrets d’application ne traînent pas en longueur.
Reste aussi à passer les obstacles que certains vieux opposants ne manqueront pas de mettre en travers de la route, comme l’utilisation de l’article 2. Il n’empêche qu’il faut saluer la patience de Paul Molac et sa détermination.
Le vote a été obtenu avec une majorité indiscutable.
C’est un résultat très significatif. Le gouvernement et le président de la République ont subi un camouflet historique à la hauteur de l’indifférence, et parfois du mépris, dont à fait preuve E. Macron sur ce sujet des langues.