Dimanche 14 juin, le président de la République, Emmanuel Macron, a évoqué la décentralisation en affirmant que « tout ne peut pas être décidé depuis Paris ». En effet, la crise du Covid-19 aurait été mieux maîtrisée par de véritables Régions, comme en Allemagne, mais elle a été gérée de façon totalement centralisée, depuis l’Élysée.
Le désir de réforme territoriale exprimé par E. Macron est un exemple de l’impossible « en même temps ». En effet, les grandes mesures présidentielles prises depuis 2017 obéissent à la recentralisation. Non, il n’y aura pas de nouvel acte de décentralisation dans les deux prochaines années, et encore moins de régionalisation. Les préfets, élus par personne, conserveront leur suprématie : cette excentricité en Europe leur permet d’infantiliser et de déresponsabiliser les Conseils départementaux et régionaux.
Le « monde d’après » promis par le fondateur de la République en Marche exclura la grande réforme des institutions dont la France a besoin, car l’Etat ne souhaite pas céder du pouvoir aux territoires. Il ne souhaite pas déléguer et faire confiance. La formation intellectuelle du Président de la République et de ses amis, issus du même moule de l’ENA, empêche de concevoir une République décentralisée, car cette école est l’incarnation du centralisme de la pensée, des hommes et des territoires.
Pour résorber les maux du pays, notamment sa profonde crise morale, c’est une vaste réforme de la formation des élites qui s’impose. Sans cela, les déclarations d’intention ne sont qu’illusion, ou pire, des stratégies de diversion.