La crise sanitaire provoquée par le Covid-19 a bouleversé le déroulement des élections municipales de mars, laissant en suspens, l’organisation du second tour dans 4.800 communes.
Un peu plus de deux mois après le vote du premier tour, le Premier ministre vient de décider de la date du second. Après avis du Conseil Scientifique c’est donc celle du 28 juin qui a été retenue.
Ce choix était certes difficile.
Mais la responsabilité pleine et entière en incombe au chef de l’État et au gouvernement. Il était déraisonnable en effet de maintenir le premier tour des élections alors que le report du second était déjà inéluctable, compte tenu des signaux sanitaires alarmistes laissant présager une détérioration inexorable de la situation.
Le choix d’une date pour un second tour distinct du premier doit dès lors réunir deux conditions absolument impératives : garantir la sécurité sanitaire de tous (des électeurs et des membres des bureaux de vote) et assurer la sincérité du scrutin.
Pour Régions et Peuples Solidaires, la feuille de route devant conduire à l’organisation du second tour ne semble pas pouvoir remplir idéalement ces deux conditions préalables. Il ne peut donc s’agir là que d’un pis-aller.
La « clause de revoyure » prévue pour dans deux semaines va certes permettre d’observer l’évolution de la situation sanitaire et d’évaluer la faisabilité de l’élection à la date du 28 juin. Mais il faudra en avoir une appréciation stricte si l’on ne veut pas aboutir encore à une abstention record. Pour éviter autant que possible ce risque d’abstention, il sera indispensable en outre d’élargir les possibilités de vote par procuration, d’en assouplir les formalités, et d’admettre aussi le vote par correspondance.
Quant à la sincérité du scrutin, les listes et candidats qualifiés au second tour pourront sans doute bénéficier d’un mois pour faire vivre le débat, avec des modalités de campagne adaptées. Ce délai est nécessaire pour garantir l’équité entre l’opposition et l’équipe sortante. Il doit aussi permettre d’intégrer au besoin dans le débat électoral les questions nouvelles nées de la crise et de sa gestion ; mais les listes non qualifiées pour le second en resteront toutefois exclues.
Sans doute, le report à une date ultérieure n’est pas lui-même dépourvu d’inconvénients. Rien ne garantit que la situation sanitaire soit meilleure en septembre qu’en juin et que le risque d’abstention ait diminué. Quant au report à 2021, outre le maintien en confinement de la démocratie et le blocage des projets communaux et intercommunaux, l’encombrement du calendrier électoral serait tel que la démocratie territoriale y trouverait encore moins son compte.
Devant la situation inextricable découlant de l’organisation du premier tour dans les conditions que l’on sait, il reste à espérer que l’appréciation des conditions annoncées pour le maintien de la date du 28 juin fassent l’objet d’une prise en compte sérieuse et non politicienne.
Régions & Peuples Solidaires demande au surplus que tous les frais supplémentaires d’organisation du scrutin pour les communes, ainsi que ceux de la campagne électorale pour les listes en compétition soient assumés par l’État sur lequel pèse la responsabilité de la situation.
La Fédération Régions et Peuples Solidaires, exclue de la consultation gouvernementale alors qu’elle répondait clairement aux critères de représentativité des partis politiques au Parlement espère, comme cela a semble-t-il été admis après concertation, qu’elle y sera effectivement associée lors des prochains rendez-vous annoncés par le Premier Ministre.
Gustave Alirol, Président de Régions et Peuples Solidaires