Monsieur le Maire,
Mesdames et messieurs les conseillers municipaux,
La décision du dernier Conseil Municipal de donner à la bibliothèque de Colmar le nom de l’ancien président Jacques Chirac récemment décédé nous consterne.
La bibliothèque des Dominicains recèle des joyaux de l’histoire littéraire alsacienne et rhénane. Elle a une importance patrimoniale de même niveau que la bibliothèque humaniste de Sélestat/Schlettstadt dédiée à Beatus Rhenanus, enfant de la ville.
L’engagement de l’ancien président de la République française en faveur des arts premiers pourrait éventuellement constituer un lien vers ce haut lieu de culture. Sauf que précisément des peuples premiers ont eu à souffrir de son action à la tête de l’État. En effet, Jacques Chirac porte la responsabilité première du massacre des militants kanaks de la grotte d’Ouvéa. C’est par ailleurs lui qui a commandé les derniers essais nucléaires dans le Pacifique, dont les populations locales subissent durablement les conséquences sanitaires.
Des affaires de corruption durant son mandat de maire de Paris entachent également son bilan, globalement peu compatible avec les valeurs de l’humanisme rhénan auquel se rattache la bibliothèque.
Si l’on rajoute l’opposition de Jacques Chirac, s’appuyant sur le Conseil constitutionnel, à la ratification de la Charte européenne des langues régionales, on saisit l’incongruité qu’il y aurait à graver son nom au fronton du temple colmarien des alsatiques, d’une littérature rédigée dans la langue historique, mais non constitutionnelle des Alsaciens.
Permettez — une suggestion : si vous souhaitez honorer l’un de vos grands amis politiques et parisiens, réservez le nom de M. Balkany pour la nouvelle prison de Colmar.
In elsässischer Verbundenheit.
Andrée MUNCHENBACH
Secrétaire fédérale d'Unser Land