Paul Molac, le député de la circonscription de Ploërmel, va faire sa rentrée politique dans quelques jours. Avant de rejoindre Paris, il évoque les dossiers chauds de l’été et les prochains.
C’est la rentrée d’ici quelques jours. Quels ont été vos devoirs de vacances ?
J’ai sillonné, comme j’en ai l’habitude, ma circonscription à la rencontre de ses habitants. L’accord économique et commercial global (Ceta) occupe beaucoup mon esprit. Cet été, je suis donc allé à la rencontre des publics concernés par cette question. De mon point de vue, j’ai toujours été opposé à un tel accord qui va totalement à contresens des mesures qui doivent être prises pour limiter les émissions de carbone et le réchauffement climatique. Ce traité fait l’objet d’un rejet quasi unanime dans l’opinion publique, aussi bien des agriculteurs et des écologistes que des consommateurs. Nos agriculteurs travaillent pour une agriculture respectant l’environnement, favorisant les produits de qualité, et issus d’exploitations où l’agriculteur reste maître de sa production..
Moins d’un Français sur deux est parti en vacances en juillet et en août. Et vous ?
J’ai pris quelques jours mais j’ai toujours profité de mes jours de repos pour assister à des réunions et comme je l’ai précisé, aller à la rencontre des acteurs de notre territoire. Avant la rentrée politique en septembre, je vais assister au congrès des régions et peuples solidaires. C’est une fédération de partis politiques régionalistes ou autonomistes de France.
Cet été, de nombreux députés ont vu leur permanence saccagée, des maires victimes d’agression dont l’une a viré au drame, dans le Var. Cette situation vous inquiète-t-elle ?
Oui, cette situation m’inquiète énormément. La politique néolibérale a considérablement épuisé nos concitoyens. Aujourd’hui, si quelqu’un bénéficie d’un traitement particulier, le citoyen se dit : « Et pourquoi pas moi ? » Les problèmes de fiscalité avec l’ISF, les différentes mesures prises par le gouvernement et les attitudes de certains décideurs font que parfois, la communication donne une impression d’arrogance. Les citoyens sont dans l’incompréhension et ils se méfient.
Vous croyez que les candidats vont se bousculer aux prochaines élections municipales, notamment dans les petites communes ?
Il y a une fatigue générale de la part des maires surtout pour ceux qui sont là depuis longtemps. Ils ont souvent l’impression d’avoir affaire à une administration parisienne compliquée. On entend toujours la même chose dans les communes. Il faut, je pense, changer cela et laisser les régions faire une partie de la norme, celle de la vie quotidienne. Il faut redonner du pouvoir aux élus locaux car aujourd’hui, le pouvoir de ce gouvernement est trop parisien. Il faut alléger les charges des maires et les adapter.
Emmenés par vous, 45 députés s’opposent aujourd’hui au déremboursement de l’homéopathie. Quel combat allez-vous mener à ce sujet ?
C’est vrai que cet été, j’ai pris position à ce sujet qui d’ailleurs est un marronnier puisqu’il revient sur la table tous les dix ans. Je trouve que le déremboursement de l’homéopathie est injuste, comme le Ceta. L’argument revendiqué de supprimer le remboursement partiel de l’homéopathie pour soulager le déficit de la Sécurité sociale est un leurre. Afin de maintenir l’homéopathie comme option dans le parcours de soins des patients mais aussi dans l’optique de contribuer à la maîtrise des dépenses publiques de santé, nous avons demandé au Gouvernement de maintenir le niveau de remboursement à 30 % de cette méthode thérapeutique. Je sais que c’est un combat contre le lobby des laboratoires pharmaceutiques. Nous allons être dans une question de rapport de force.
Le mouvement des Gilets jaunes a marqué l’année. Pensez-vous qu’il existe encore ?
Bien évidemment qu’il existe encore. Lorsque je vais dans les petites fêtes de ma circonscription, je trouve toujours des Gilets jaunes près de moi et nous discutons. Aujourd’hui, la question sociale est toujours présente et il faut prendre en compte cette demande. Et les questions soulevées par le mouvement restent d’actualité comme : comment vit-on aujourd’hui avec 1 200 € par moi et parfois moins ?
La militante suédoise Greta Thunberg a beaucoup fait parler d’elle ces dernières semaines. Pour vous, c’est un vrai combat ou une icône du lobby écolo ?
(Petit sourire) Ceux qui pensent qu’il n’y a pas de réchauffement climatique, c’est forcément s’en moquer. Mais le réchauffement climatique est un véritable sujet et une question : comment pouvons-nous rendre notre société plus sobre ? La planète, elle se sauvera elle-même. Mais le problème aujourd’hui, c’est qu’on a enlevé ce que les anciens ont fait et on mit en place. Il faut revenir aux fondamentaux.
Quels dossiers vous attendent dans quelques jours ?
Les discussions sur le budget vont arriver en octobre. Celui-ci n’est pas bouclé. Avec la diminution de la fiscalité sur le capital, la fin de la taxe d’habitation et la prime d’activité versée il y a quelques moi, le budget ne passe pas. Des lois sur les collectivités vont aussi être discutées à l’Assemblée nationale. Il y en a notamment une sur les maires et cette proposition : si le maire est attaqué au tribunal, c’est l’État qui va payer. Je n’y crois pas.