NI PRISON, NI EXTRADITION, LIBÉREZ VINCENZO Vincenzo Vecchi ne doit pas être extradé

Militant antifasciste, Vincenzo Vecchi, qui vit depuis 8 ans en Bretagne a été arrêté par la police le 8 août dernier. Son arrestation a lieu sous Mandat d’Arrêt Européen pour des faits qui remontent à la manifestation contre le G8 à Gênes en 2001 et à une manifestation antifasciste non autorisée à Milan en 2006.

 

Vincenzo a été condamné sur la base du code Rocco, introduit en 1930 dans la loi italienne sous Mussolini. Le texte permet, au nom de la notion de « concours moral », de sanctionner la simple présence à des manifestations considérées comme insurrectionnelles sans preuve factuelle. C’est en vertu de cette loi que Vincenzo et neuf autres militants, baptisés les « dix de Gênes », ont écopé de peines très lourdes allant de huit à quinze ans de prison.

 

La répression policière de la manifestation de Gênes a été condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH):

  • les auteurs de violence policière contre des manifestants n’ont pas tous été identifiés ni poursuivis en justice, pour autant ceux qui l’ont été n’ont à ce jour effectué aucune de leur peine (en vertu d’une d’amnistie votée en 2006),
  • la répression policière a entraîné des traitements inhumains et dégradants sur les manifestants en marge du sommet; selon la CEDH ces traitements sont assimilables à des «actes de torture».

 Selon Amnesty International, il s’agit de «la plus grave atteinte aux droits démocratiques dans un pays occidental depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ». Ce qui bien évidemment peut questionner la légitimité du jugement. Pour Vincenzo: 12 ans pour dommages causés à des biens! Lors de l’audience du 14 Août au tribunal de Rennes, ses avocats ainsi que l’avocat général réclament à la Cour de disposer d’un délai pour obtenir des documents permettant de nourrir ce dossier incomplet et très questionnant. Cela a été accordé lors d'un jugement rendu le 22 août dernier.

 

Pourquoi Vincenzo est-il arrêté maintenant, alors qu’il ne représentait aucun danger depuis 8 ans, parfaitement intégré et apprécié au niveau local ? Pourquoi les événements en marge du G8 de Gênes en 2001 marquent-ils un tournant dans la criminalisation des manifestants?

 

Pourquoi l’État italien a-t-il jugé Vincenzo sur un article du code Rocco de 1930 ? Comment ne pas s’inquiéter du sort réservé aux manifestants arrêtés dans ce contexte de montée des mouvements d’extrême droite? Quel garde-fou est prévu si ce monde venait à rebasculer dans l’innommable? Comment pourrait-on protéger au nom de la Charte Universelle Des Droits de l’Homme celles et ceux qui s’opposent pour des idées? Dans ce contexte de tensions sociales et politiques, aussi bien au niveau national qu’européen et international, le Comité de Soutien alerte la société civile sur la répression qui menace la liberté de manifester et les conditions dans lesquelles les États entendent légiférer en sanctionnant la simple présence à des manifestations.

 

C’est pour toutes ces raisons que nous refusons que Vincenzo Vecchi soit remis aux autorités italiennes. Dans le contexte politique actuel, nous ne voulons pas qu’il devienne un trophée de la politique d’extrême droite menée par le gouvernement italien de Salvini. Dans un monde où tout s’accélère, reprenons possession de notre temps, de nos mots, pour échanger, débattre, se questionner ensemble autour de tous ces sujets que soulève l’arrestation de Vincenzo afin de garantir la liberté de chacun et le respect fondamental des droits humains.

 

La fédération Régions et Peuples Solidaires exige la libération de Vincenzo Vecchi, qui ne doit pas être extradé en Italie.