Schiltigheim, le 2 mai 2019
Monsieur le Président,
Le sondage BVA du 30 avril, concernant l'adhésion des Français à la nouvelle carte des Régions, confirme le rejet, par plus de 80% des Alsaciens interrogés, de la Région administrative Grand Est à laquelle ils ont été intégrés d'autorité par un coup de gomme et un trait de crayon aléatoires de votre prédécesseur.
Mais l'élément nouveau de ce premier sondage à l'échelle hexagonale réside dans le constat que la grande majorité des Français concernés par le redécoupage régional en sont insatisfaits. Cela ne peut vous laisser indifférent.
Le mouvement des Gilets Jaunes exprime depuis des mois une légitime aspiration à davantage de justice sociale et à une organisation et un fonctionnement plus démocratiques du pays. La réforme territoriale mise en œuvre par le gouvernement Hollande et Vals, auquel vous avez participé, rajoute au malaise ambiant. En Alsace, elle est ressentie comme une spoliation et un déni de démocratie.
Faut-il le rappeler ? Le big bang de la réforme territoriale conduit à une augmentation de la dépense publique au titre des coûts de fonctionnement (déplacements, hébergements, indemnités, etc.) et de communication, à la charge des contribuables sans réelle contre-partie. Le gigantisme de ces technostructures éloigne les centres de décision, dans des domaines primordiaux comme la Santé, la Justice, l'Education, de la réalité du terrain et de la spécificité des enjeux. La proximité est un gage de bonne administration, elle est également un impératif démocratique.
La rue continue de semaine en semaine à exprimer ses doléances. Les Alsaciens expriment de sondage en sondage leur demande de sortie de l'aberration administrative, économique et politique que constitue le Grand Est. Leur mécontentement n'est pas isolé, comme le prouve le sondage BVA.
Il est temps de mettre un terme à une expérience malheureuse qui, après 3 années, est rejetée par une majorité des Français et 82% des Alsaciens. Une approche différenciée et démocratique impose de tout remettre à plat et de reconsidérer le périmètre des régions au cas par cas, en validant les nouvelles régions qui fonctionnent et satisfont leur population et en rendant leur contour historique aux autres.
Le sort de l'Alsace est à l'ordre du jour de la prochaine session de l'Assemblée Nationale. Le projet de « Collectivité Européenne d'Alsace » que vous parrainez répond à un double prérequis, posé arbitrairement et d'autorité par vous-même : vous refusez la sortie du Grand Est et le statut particulier que prévoit l'actuelle Constitution dans son article 72 et dont jouissent notamment la Corse, Lyon et Paris.
Vous ne pouvez gouverner contre le peuple !
La nouvelle collectivité que vous nous consentez se réduirait à un département, grand par la taille mais condamné à subir la tutelle d'une méga-région qui ne lui correspond pas. Les députés alsaciens vont tenter d'amender le projet. Mais en tout état de cause, ce qui ressortira du vote final ne prendra en compte ni l'intérêt ni la demande maintes fois exprimée du principal intéressé : le peuple alsacien.
Aussi nous vous exhortons, Monsieur le Président, à retirer la proposition de loi concernant la CEA et à engager le gouvernement à réexaminer la loi NOTRe au vu du bilan des trois années écoulées.
De notre côté nous invitons les députés, d'Alsace mais aussi des autres régions de France, à ne pas cautionner une organisation territoriale qui ne respecte pas la volonté des peuples. Nous invitons spécialement les députés alsaciens à refuser de débattre d'un statut au rabais pour l'Alsace. Au besoin, qu'ils démissionnent ! Unser Land leur assurerait alors son soutien pour une réélection sur la base d'un projet pour l'Alsace conforme à l'attente des Alsaciens.
Recevez, Monsieur le Président, nos salutations alsaciennes,
Andrée MUNCHENBACH-KELLER
Secrétaire générale d'Unser Land
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