Plan Macron : de l’eau de boudin !

« L’État d’urgence sociale et économique est décrété », vient de proclamer le président de la république Emmanuel Macron. Eu égard à l’exceptionnalité de la mobilisation des Gilets Jaunes, on n’en attendait pas moins. Mais par cette déclaration qui arrive après quatre semaines de conflits, L’État vient, une fois encore, de démontrer son incapacité à appréhender les problèmes autrement que sous l’angle de la violence et du rapport de force. Le chef de l’État ne semble pas vraiment avoir pris la mesure de la situation. Car en dehors de quelques mesures conjoncturelles qui donneront temporairement un coup de pouce, certes appréciable pour ceux qui en bénéficieront, aucune proposition de fond n’a été avancée pour sortir durablement de la crise.

Pour Régions et Peuples Solidaires l’augmentation de 100€ du SMIC et l’exonération de la CSG pour les retraités percevant moins de 2000€ par mois sont des mesures qui, certes, ne sont pas à négliger pour leurs bénéficiaires mais l’une est purement conjoncturelle, l’autre en trompe l’œil[1] et les deux ne sont pas d’application générale. Les chômeurs, les fonctionnaires et surtout les précaires sont, en effet, oubliés.

Couplé à l'annonce de la défiscalisation des heures supplémentaires et à la confirmation de la suppression de l’ancien Impôt Sur la Fortune, le « plan Macron » interroge sur son financement et sa pérennité en raison de la baisse  des recettes fiscales (moins 15 milliards € environ). Comme, la France est tenue par la règle européenne des 3% maximum de déficit public, elle devra tailler dans ses dépenses ; confirmant ainsi la ligne politique libérale esquissée par le premier ministre, Édouard Philippe, quelques jours auparavant. L’austérité n’est pourtant pas une fatalité. Le 26 mai prochain, les citoyens européens pourront se saisir de l’opportunité du renouvellement du parlement européen pour exiger de nouvelles politiques budgétaires communes.

 

L’explosion des Gilets Jaunes est l’expression d’un système malade qui plonge ses racines dans la concentration des richesses, concentration manifestement à la fois sociale et territoriale.

 

La fracture territoriale a cependant été largement ignorée : il est difficile pour un système politique et administratif d’appréhender les conséquences en termes de coût de la vie (et de consommation énergétique) de la perte des services publics et de la désertification économique des territoires liées à la centralisation renforcée par la métropolisation. Ce ne sont pas les consultations « régionales » annoncées qui apporteront la solution du problème : il y faudrait une remise en cause plus fondamentale du fonctionnement des institutions et la maîtrise des phénomènes économiques liés à l’ultralibéralisme.

En attendant le « plan » Macron aura largement tourné en eau de boudin !

 

Gustave Alirol, président de Régions et Peuples Solidaires

 

[1] Ce n’est pas le niveau de la pension mais celui des revenus qui est pris en compte et surtout cela ne remet pas en cause la non-indexation des pensions.