Inondations meurtrières : aléa climatique ou incurie humaine ?

Le pourtour méditerranéen vient une nouvelle fois d’être touché par des pluies diluviennes. Après les îles Baléares, la Tunisie et la Corse, c’est au tour de plusieurs départements méditerranéens de l’espace occitan d’être frappés. Routes submergées, ponts détruits, voitures emportées, quartiers engloutis et populations déplacées, morts par noyade, les premiers bilans humains et matériels sont déjà dramatiques.

L’intensité de ces dernières averses est inédite et les crues provoquées ont atteint des niveaux record. Les experts du climat et de la météorologie sont unanimes : la violence des précipitations de ces derniers jours est la conséquence du réchauffement climatique. Et si rien n’est fait pour maintenir à 1,5° la hausse des températures, la fréquence de ces orages et leur violence vont continuer à croître.

 

Le phénomène naturel n’est cependant pas nouveau. Les régions méditerranéennes subissent de fortes précipitations, en particulier, au printemps et à l’automne : ce sont les « épisodes cévenols ou méditerranéens ».  Ici et là, les habitants avaient appris à vivre avec et à adapter, au fil des temps, leur mode de vie. C’est cette adéquation qui a forgé le paysage, l’architecture et  l’urbanisme de nos régions.

Mais poussés par la pression foncière, l’héliotropisme, le tourisme, certains élus locaux avides en ressources fiscales et/ou sous la pression de certains spéculateurs notamment dans le secteur du BTP, ont transformé, avec la complicité aveugle des services de l’État, des terres inondables en zones pavillonnaires. A cela s’ajoutent la déforestation, l’imperméabilisation des sols par l'artificialisation des terres arables et  l’accroissement du ruissellement des eaux pluviales qui sont autant de facteurs humains locaux aggravants.

 

Les drames météorologiques de ces derniers jours sont le produit d’une activité anthropique excessive et irresponsable. Pour que l’Homme ne puisse plus abuser de son pouvoir destructeur sur la nature et sur lui-même, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir des Hommes arrête le pouvoir des Hommes. Il faut agir tant au niveau planétaire que territorial et changer radicalement les comportements. L’urbanisation galopante doit être stoppée, le rouleau compresseur de l’uniformisation et du néolibéralisme doit être combattu et les modes de vie doivent tenir compte des contraintes environnementales. C’est au prix d’une « reculturation » des modes de vie, que l’on gagnera la bataille du climat.

 

C'est pourquoi le rôle des régions est capital dans cette lutte contre les dérèglements climatiques. Aménagement du territoire, énergie, transports, mobilité, les régions ont une capacité d'intervention directe sur les événements. Renforcer leurs compétences et leurs moyens doit être une préoccupation majeure des engagements internationaux et des politiques d'adaptation au changement climatique.

 

Gustave Alirol, président de Régions et Peuples Solidaires