En effet, l’offre de soins en Alsace est dorénavant pilotée à l’échelle de la région Grand Est, par l’Agence Régionale de Santé du Grand Est (ARS Grand Est).
Rappelons les événements qui ont présidé à sa création.
Aux anciennes directions départementale et régionale de la santé (DDASS et DRASS) ont succédé en 1997 les agences régionales de l’hospitalisation (ARH) puis en 2010 les agences régionales de santé (ARS) de par la Loi Hôpital-Patients-Santé-Territoires. Ces ARS assurent la tutelle et accompagnent les restructurations tant de l’offre de soins hospitalière que médico-sociale (EHPAD…) et ambulatoire (médecine libérale).
Même si le directeur de l’ARS est toujours nommé en conseil des ministres, les projets régionaux de santé ou PRS élaborés par les ARS sont dorénavant soumis à la concertation avec, notamment, les collectivités territoriales. C’était incontestablement un progrès allant dans le sens d’une décentralisation de certaines décisions.
Jusqu’à la réforme territoriale, l’ARS d’Alsace était basée à Strasbourg. Avec la création du Grand Est, les agences régionales des trois anciennes régions ont fusionné, créant l’ARS du Grand Est dont le siège est situé à Nancy.
En termes de décentralisation et de proximité, il y a là déjà une évidente régression en raison de la dimension importante de cette néo-région, « deux fois grande comme la Belgique » comme l’annoncent avec fierté certains de ses défenseurs.
À l’heure actuelle, le projet régional de santé ou PRS 2018-2028 élaboré par cette ARS Grand Est est à la phase de concertation et les collectivités territoriales sont appelées à se prononcer sur son contenu. Cet important document comprend notamment un chapitre intitulé « objectifs quantifiés » recensant les créations et les suppressions de services et équipements hospitaliers qui sont envisagées dans les 10 prochaines années.
Que constatons-nous à la lecture de ce chapitre ?
Une fois de plus, l’Alsace, réputée riche et bien gérée, risque de payer le prix fort.
Les sujets d’inquiétude sont nombreux. Nous en citerons deux.
- Dans le Grand Est, trois structures d’urgence doivent être fermées. Les trois se trouvent en Alsace, plus précisément dans le Haut-Rhin. Il existe certes une pénurie de médecins et de spécialistes. Pour autant, les fermetures d’établissements de soins ne sont pas la réponse que l’on est en droit d’attendre de la part des pouvoirs publics. Elles sont encore moins admissibles dans des régions à forte densité de population comme l’Alsace.
- Le deuxième sujet concerne les IRM (appareils d’imagerie par résonance magnétique). Ces équipements d’IRM sont indispensables dans le diagnostic de cancer, dans la prévention des séquelles des accidents vasculaires cérébraux, etc.Alors que l’Alsace représente plus du tiers de la population du Grand Est, elle est manifestement condamnée à devenir le parent pauvre. À l’horizon 2023, 18 nouvelles implantations d’IRM sont prévues pour le Grand Est : seulement 3 iront dans une zone intitulée « Basse Alsace-Moselle » et 1 seule pour le reste de l’Alsace.
Or, nous savons tous que les urgences en Alsace sont régulièrement sous tension et que l’accès à l’IRM y est également difficile. Mais la priorité a été donnée au rattrapage d’un éventuel retard des régions Lorraine et Champagne-Ardenne au détriment de l’Alsace.
Sous couvert de péréquation, c’est un véritable siphonnage que subit l’Alsace. Les conséquences seront désastreuses aussi pour les autres régions.
Les Alsaciens refusent d’être pénalisés, voire rançonnés, pour leurs efforts passés pour faire progresser leurs infrastructures de santé.
Le retour à la région Alsace avec la plénitude de ses compétences et une relocalisation des administrations, notamment dans le domaine de la santé, devient une criante urgence !
Andrée Munchenbach,
Présidente d’Unser Land