Carles Puigdemont, dernier président de la Catalogne, a été arrêté hier en Allemagne à la frontière du Danemark. Carles Puigdemont encourt une peine de prison de trente ans. Il va donc être présenté à la justice allemande. Elle devra décider si elle donne suite ou non à la demande de remise aux autorités espagnoles.
En décembre dernier, les autorités espagnoles avaient décidé de lever le mandat d’arrêt européen (MAE) puis confirmé le caractère définitif de cette décision. La justice belge, jugeant alors l’affaire sans objet, avait décidé de relâcher Carles Puigdemont. Depuis, celui-ci a pu se déplacer librement au sein de l’Union Européenne sans être inquiété par la justice. Il est dès lors assez surprenant que l’Espagne émette un nouveau MAE dans la précipitation alors qu’elle avait retiré le précédent depuis un certain temps.
Outre les chefs d’inculpation qui ne sont pas recevables au regard du droit des peuples à décider d’eux-mêmes, la réémission d’un MAE par l’Espagne à l’encontre des leaders catalans est abusive, en ce qu’elle ne respecte pas la réglementation applicable en la matière, telle qu’elle découle de la directive-cadre sur le mandat d’arrêt européen, ni surtout les principes de la Convention européenne des droits de l’Homme. Comme la Belgique, l'Allemagne, dans des circonstances différentes, doit donc refuser, au nom du respect des principes fondamentaux de la démocratie, de livrer Carles Puigdemont à l'Espagne.
Il est important de rappeler que Carles Puigdemont a été élu démocratiquement par les Catalans sur un projet indépendantiste. C’est le pouvoir central espagnol, par ingérence, qui l’a démis de son mandat. En proclamant l’indépendance, le président catalan n’a fait qu’appliquer la feuille de route que le peuple catalan lui avait adressée lors des élections référendaires du 1er octobre puis réitérée deux mois après, malgré les pressions et les menaces exercées par Madrid, à l’occasion du renouvellement anticipé du parlement de Catalogne.
Il devient urgent pour l’Union Européenne de sortir de sa torpeur sur le dossier catalan pour que soient respectés, en Espagne, les droits fondamentaux. Le silence effrayant pour la démocratie de la plus grande majorité de nos élus constitue-t-il une approbation de la politique réactionnaire de l’Espagne? Les prisonniers politiques catalans dont le nombre grossit de semaine en semaine doivent être libérés. Régions et Peuples Solidaires réaffirme sa pleine solidarité avec le peuple catalan et ses dirigeants démocratiquement élus.