Le Mardi 20 mars, profitant de la journée internationale de la francophonie, le président de la République Emmanuel Macron a prononcé un discours sur la politique qu’il entend mener pour faire rayonner de nouveau la langue française dans le monde. Emmanuel Macron a raison d’affirmer que le français est une “langue monde“. Elle est d’ailleurs avec l’anglais, la seule langue parlée sur les cinq continents. Et pour cause la France et la Grande-Bretagne ont régné pendant près de deux siècles sur un empire colonial qui s’étendait sur les cinq continents dont la finalité était, du moins pour la France, “de civiliser les races inférieures “.
Emmanuel Macron a beau déclarer que la “solution n’est pas d’imposer une langue ni de jouer la rivalité des langues“, dans les faits la langue française s’est pourtant développée à travers le temps et dans les territoires, en écrasant les autres langues de façon hégémonique. L’abbé Grégoire que le président de la République cite en exemple dans son discours, a été le grand témoin et l’organisateur de la politique glottophage de la France. C’est en effet l’abbé Grégoire en 1794 qui déclarait nécessaire “d’anéantir le patois et d’universaliser l’usage de la langue française“.
Il est aussi consternant d’entendre de la bouche d’un président de la république que “nous sommes le seul pays de la francophonie qui ne vit qu’en français“ alors que, malgré tous les obstacles nous sommes des centaines de milliers encore à pratiquer dans l’Hexagone une langue régionale au quotidien. Les propos de monsieur Macron sont fallacieux et participent de la réécriture de l’Histoire.
La langue française ne s’est pas développée dans le multilinguisme mais dans le monolinguisme, l’affrontement et la destruction. C’est le cas, en particulier envers les langues régionales qui ont souffert et souffrent encore de l’hégémonie de la langue française. L’UNESCO recense, dans un atlas, les langues en fonction de leur risque d’extinction; pour elle, absolument toutes les langues régionales parlées dans l’Hexagone sont menacées de disparition.
En France, ce n’est pas la mondialisation que fragilise les langues régionales mais le caractère hégémonique de la langue française dont la francophonie est le bras armé.
Gustave ALIROL, président de R&PS