Jean Rottner, président (LR) de la région Grand Est, semble se délecter de sa dernière trouvaille : accuser les tenants de l’accession de l’Alsace à un statut autonome d’appartenir à l’Ancien Régime.Selon l’auteur jubilant de la formule, la fusion imposée en 2016 aurait ainsi tiré les Alsaciens de leur torpeur obscurantiste pour les faire entrer de plain-pied dans l’ère européenne moderne, heureusement inaugurée par la création de la région Grand Est.
Touchée, peut-être, par la sainte grâce d’Odile, Jean Rottner offre à toutes les élues et tous les élus – municipaux, communautaires, départementaux (en priorité les présidents) et régionaux de la malheureuse province d’Alsace – de leur ouvrir les yeux et d’abandonner leur culture ancestrale pour épouser la cause salutaire du Grand Est enfin révélée.
Par le potentiel insoupçonné de « la diagonale du vide » et le rapprochement inespéré avec les Ardennes, Jean Rottner annonce pour l’Alsace une ère économique radieuse, à la pointe de l’innovation mondiale.
Sauf que l’Alsace n’a pas attendu Jean Rottner pour affirmer sa dimension européenne multiséculaire.
Que l’Alsace n’a pas attendu Jean Rottner pour développer un modèle économique rhénan, social et solidaire qui la place parmi les territoires les plus dynamiques d’Europe.
Que l’Alsace n’a pas attendu Jean Rottner pour fonder son rayonnement sur sa culture bilingue.
N’en déplaise à Jean Rottner, ce sont au contraire l’émancipation de l’Alsace d’une entité artificielle imposée, l’acquisition d’institutions inspirées des grandes démocraties européennes, l’enseignement et la co-officialité bilingues et le développement d’un espace économique rhénan, fondé sur une culture cohérente qui ancreront durablement l’Alsace dans l’avenir.
Par le net mépris qu’il manifeste à l’égard du peuple alsacien dont il confisque le destin naturel avec une brutalité revendiquée, c’est bien Jean Rottner qui réactive les us, les coutumes et les pratiques seigneuriales arbitraires de l’Ancien Régime.
A trop confondre sujets et citoyens-électeurs, ce que promet à l’Alsace Jean Rottner, c’est l’avènement de sa majesté Johann von Rottner Ier.
De l’Ancien Régime, on sait la fin de l’histoire.