Considérant que les emplois aidés représentent “ une perversion de la politique de l’emploi“, Emmanuel Macron a confirmé lors se son entretien à la revue Le Point de cette semaine, l’annonce faite devant les députés début août par la Ministre du Travail, Mme Pénicaud, de réduire les aides à ce type de contrats.
Fin 2016, selon l’INSEE, les emplois aidés concernaient près d’un demi-million de salariés, hors formations en alternance, essentiellement dans le secteur non marchand (associations, collectivités territoriales et éducation nationale).
Malgré les critiques du Gouvernement, les emplois aidés ont pourtant démontré leur utilité sociale. Dans une note parue au mois de mars dernier, l’INSEE affirme qu’“une hausse du nombre d’emplois aidés conduit à une augmentation du taux d’activité des personnes ciblées“ ; ce qui revient à dire que les contrats aidés ont permis à autant de personne de sortir du chômage.
Seuls les emplois aidés du secteur marchand qui ne représentent que 15% des contrats aidés sembleraient inutiles et inefficaces pour l’emploi. L’INSEE affirme, en effet, qu’“une partie des emplois bénéficiant du dispositif d’aide aurait été créée même si le dispositif n’avait pas existé“.
Les emplois aidés dans le secteur marchand, bien que certainement imparfaits, contribuent cependant dans certains cas à maintenir voire à dynamiser l’emploi et l’activité économique dans les territoires ruraux et urbains les plus fragiles. Supprimer les dispositifs d’exonération de charges sociales dans les zones de revitalisation rurale (ZRR) ou les zones de redynamisation urbaine (ZRU) entraînera une aggravation de la fracture territoriale pourtant déjà béante dans l’Hexagone.
A défaut d’alternatives, les emplois aidés sont indispensables au maintien de l’activité en particulier dans le secteur non marchand. Les écoles immersives en langues régionales (ABCM en Alsace, Calandreta en Occitanie, Bressola en Catalogne nord, Diwan en Bretagne et Seaska au Pays Basque Nord), notamment, essentielles à la transmission de nos langues et cultures ont le statut d’association faute d’avoir été intégrées au service public. Les ¾ des emplois non enseignants (animateurs, personnels d’entretien, aides maternels, etc.) y sont des emplois aidés. Supprimer les emplois aidés c’est condamner à mort l’enseignement par immersion des langues régionales. Et comme elles peuvent de moins en moins compter sur l’aide des collectivités, victimes de la politique de recentralisation de l’Etat, les aides à l’emploi de l’Etat doivent être conservées !
La suppression des emplois aidés, qui n’avait pas été annoncée ne peut en tout cas être appliquée aussi brusquement et surtout sans discernement !